Le Cercle des Economistes Arabes a la douleur d’annoncer la disparition de l’un de ses éminents membres, le Dr. Georges CORM (1940-2024).
Georges n’était pas seulement un économiste, mais un grand penseur et un acteur politique. Il a été notamment Ministre des Finances de la République libanaise entre 1998 et 2000, et a tenté d’œuvrer pour prévenir la crise financière de ce pays qui se profilait graduellement à l’horizon. Il a payé personnellement cher son engagement. Ces ouvrages sont nombreux traduits dans plusieurs langues: « Histoire du pluralisme religieux dans le bassin méditerranéen » 1972, « L’Europe et l’Orient. De la balkanisation à la libanisation. Histoire d’une modernité inaccomplie » 1988, « Le nouveau désordre économique mondial » 1994, « Le Proche-Orient éclaté » 1983, « Orient-Occident : la fracture imaginaire » 2002, « Le Liban contemporain. Histoire et société » 2004, « La question religieuse au XXIème siècle. Géopolitique et crise de la postmodernité » 2006, « Histoire du Moyen-Orient. De l’Antiquité à nos jours » 2007, « L’Europe et le mythe de l’Occident. La construction d’une histoire » 2009. A paraître en septembre 2010, « Dé-mondialiser. Un remède aux tourments du XXIème siècle ? ».
Le 26 Mars 2010, le Cercle a organisé une conférence de Georges CORM à Paris dans l’amphithétre du journal Le Monde, en partenariat avec le Collectif de Citoyens Libanais et Amis du Liban, et Le Monde Diplomatique, éditions arabes. Son thème était « SORTIR LES PAYS ARABES DE L’ECONOMIE DE RENTE ». La conférence a porté sur le manque de dynamisme économique et la “paresse” technologique des pays arabes, comparés au dynamisme des pays du Sud-Est asiatique ou de certains pays latino-américains. Le développement de l’économie de rente (hydorcarbures, transferts des immigrés, aides extérieures, etc.) et sa généralisation au cours du siècle dernier constituent un facteur majeur non seulement de retard économique, mais aussi de déficit démocratique dans toute la région. Comment passer d’une économie rentière à une économie pleinement productive utilisant toutes les capacités dormantes des pays arabes ?
L’économie rentière gagne du terrain aujourd’hui, le déficit démocratique aussi. Le concept d’arabité, cher à Georges, recule aussi avec la continuation du génocide perpétré à Gaza. Mais Georges a semé avec ses écrits et ses actions pour qu’un avenir plus juste et réconcilié avec soi puisse pousser et éclore.