Quelle est la racine du retour en force des mouvements religieux dans les pays du Sud
et de l’Est méditerranéen ? Selon l’auteur, c’est une blessure identitaire et sociale que les
couches sécularisées, qui ont dirigé ces pays depuis les indépendances, ont provoquée et
entretenue sans relâche au sein de larges couches de leurs sociétés. Et ce sont les partis
islamistes, indistinctement combattus par ces pouvoirs soutenus par les pays occidentaux, qui
ont récupéré électoralement ce profond ressentiment. À partir de cette idée, l’auteur analyse
les dix années d’exercice du pouvoir par un gouvernement islamique en Turquie pour élaborer
des réflexions sur le devenir des sociétés de cette région. Le document se présente sous
une forme originale : aux côtés des sources classiques, l’auteur a puisé dans de multiples
échanges avec des chercheurs turcs en sciences sociales, mais aussi dans l’exploitation d’un
texte littéraire : Neige, d’Orhan Pamuk (l’auteur revendique en effet des intrusions dans la
pensée du Sud par le biais de la littérature). Ce texte se veut aussi une tentative pour établir une
passerelle entre les approches formelles du monde académique et celles des départements
d’études des institutions publiques auxquelles l’auteur a longtemps appartenu.
N° 212 • octobre-décembre 2012 • Revue Tiers Monde
